L’été sera-t-il chaud et sec ?

Depuis le début du mois de mars, nous vivons la deuxième période la plus sèche depuis le début des mesures en 1892. En effet, il n’est tombé que 38,91 mm de précipitations à Uccle, un peu plus qu’en 1893, lorsque nous enregistrions 32,25 mm de précipitations sur la même période (01/03/2025 au 25/05/2025).

Les prévisionnistes parlent déjà d’un été probablement chaud et sec en Belgique cette année, mais pouvons-nous le prévoir avec exactitude ?

Un printemps anormalement sec

Des études ont montré qu'un printemps anormalement sec est parfois annonciateur d'un été chaud et sec. En effet, un sol sec a une moins grande capacité thermique qu'un sol humide, c'est-à-dire qu'il chauffe plus fort lorsqu’il est exposé au rayonnement solaire.

Il y a également moins de chaleur absorbée par l'évaporation de l'eau contenue dans le sol et par la transpiration des plantes, par conséquent, aussi moins de vapeur d'eau diffusée dans l'air. Une évapotranspiration amoindrie a tendance à moins modérer la chaleur.

Un printemps sec n'est cependant pas une règle absolue pour en déduire un été sec et chaud car une période de pluie peut toujours survenir et modifier les prévisions. 

Prévisions saisonnières

Les prévisions par saison font partie d’une nouvelle discipline et ne sont qu’en phase expérimentale. Ces prévisions demandent une certaine vigilance dans leur interprétation, car on se livre à des pronostics sur grande échelle, et l'incertitude reste importante.

À l’IRM, nous n’effectuons pas de prévisions saisonnières avec nos modèles. D’autres instituts ou organisations, comme l’Organisation Météorologique Mondiale, met à disposition ses calculs de prévisions saisonnières.

Les modèles de prévision à long terme privilégient des épisodes secs et chauds

Des probabilités peuvent être estimées en calculant la proportion (le pourcentage) de scénarios qui se situent climatologiquement sous la normale (“below normal”), autour de la normale (“normal”) et au-dessus de la normale (“above normal”). En pratique, les variables climatiques d'intérêt (température, précipitation, ...) sont moyennées sur trois mois, l'été météorologique correspondant à la période juin-juillet-août (JJA).

Les cartes ci-dessous montrent un pronostic pour cet été basé sur un grand nombre de scénarios produits par 12 modèles de simulation numérique tournées à partir du mois de mai. La couleur rouge dominante sur la carte de gauche indique que des températures en moyenne au-dessus de la normale sont prévues avec une assez grande certitude. Sur la carte de droite, un régime de précipitations sous la normale est favorisé sur une grande partie de l’Europe (zones en beige) avec toutefois des incertitudes relativement larges sur le sud et le nord (zones en blanc).

Source : OMM
Source : OMM

Pascal Mailier, météorologue à l’IRM nous explique : « Nous avons en ce moment plus de chance que d'habitude d'évoluer vers un été caractérisé par plus de chaleur et moins de pluie au total, ce qui n'exclut pas - par exemple - d'éventuels épisodes orageux. Cela provient du fait que les nombreuses simulations produites par les modèles de prévision à long terme privilégient des configurations où le flux perturbé d'air maritime en provenance de l'Atlantique est affaibli ou dévié par des cellules de haute pression (appelés des situations de "blocage" par les météorologues). La probabilité plus élevée de connaître des épisodes secs et chauds cet été entraîne aussi un risque accru de canicule (en fréquence et en longueur) ».

Les différentes méthodes pour produire des prévisions saisonnières

Il existe actuellement trois méthodes pour produire des prévisions saisonnières : la méthode des analogues (comparaison avec des situations antérieures similaires), les modèles statistiques (prévoir, sans modèle physique, la variation de paramètres climatiques futurs à partir de variables et/ou d’indices climatiques mesurés) et les modèles numériques (simuler les mécanismes physiques à partir de conditions initiales données). La dernière méthode est la plus prometteuse, mais aussi la plus coûteuse en raison de la technologie et des efforts de recherche nécessaires.

L’objectif des prévisions à long terme n’est pas de prédire le temps qu’il fera à un moment donné dans un avenir lointain mais plutôt de fournir une gamme de scénarios météorologiques plausibles.

Compte tenu du niveau considérable d'incertitude des prévisions à long terme, il n'est pas très pertinent de produire une seule prévision à partir d'un seul modèle. On préfère plutôt utiliser des ensembles de prévisions. Les prévisions sont basées sur un grand nombre de scénarios produits par simulation numérique afin d'estimer l'incertitude. Des écarts importants entre les scénarios signifient une grande incertitude tandis que des scénarios assez semblables suggèrent davantage de certitude.

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